Macif : mon témoignage de délégué syndical CGT infecté au covid-19
Je suis Dominique Lemaire, délégué syndical CGT à la Macif. J’ai 45 ans et suis en bonne santé générale ; je pratique un sport régulièrement. J’ai décidé de témoigner aujourd’hui de ma contamination au covid-19 il y a maintenant trois semaines et de ma vie au quotidien depuis.
Pourquoi témoigner ?
Avant de tomber malade, je me suis battu avec les élus CGT pour que la direction de la Macif prenne la décision de fermer les agences, les centres d’appels téléphoniques et les centres de gestion, afin de protéger les salariés de la transmission du covid-19.
La fermeture des sites a été effective alors que de nombreux salariés justement inquiets avaient fait valoir un droit de retrait pour mise en danger de leur santé et que les élus CGT avaient déclenché des droits d’alerte pour danger grave et imminent dans toute la France.
La direction de la Macif a mis beaucoup de temps à réagir malgré les sollicitations des élus CGT. La communication de la direction envers les salariés a été tardive et n’a fait que suivre les préconisations gouvernementales sans anticipation. C’est assez étonnant vu le métier d’assureur qui consiste à anticiper les risques. Aujourd’hui, l’activité continue tant bien que mal, à distance pour certains salariés.
Les élus CGT regrettent de ne pas être suffisamment associés aux décisions du moment.
Les salariés actuellement en télétravail font remonter de réelles difficultés au quotidien, entre les gardes d’enfants, le manque d’équipement pour travailler à distance, les directives peu claires des managers, l’absence de visibilité et la fatigue qu’engendre le travail à domicile.
Les élus CGT demandent impérativement à être associés aux prises de décision lors de la mise en place du déconfinement. De la même façon, les élus CGT ont dû lourdement insister auprès de la direction pour maintenir des réunions officielles du CSE alors que la direction souhaitait de simples réunions informatives hebdomadaires.
Voilà pour le contexte…
C’est parce que j’ai contracté le covid-19 et que celui-cil pouvait provoquer des dégâts que je tiens absolument à témoigner et que je serai d’autant plus vigilant à la manière dont cette crise sera gérée à la Macif. Les élus CGT mettront tout en œuvre pour protéger les salariés de ce risque sanitaire majeur.
Voici ce que peut donner une forme non sévère du covid…
- Jeudi 19 mars 2020 : début des symptômes
Réveil avec 38,5° C et quelques courbatures. J’ai pensé à un virus, rien de plus. La fièvre a duré deux jours seulement.
Les courbatures se sont intensifiées et, dimanche 22, j’étais cloué au lit . Des maux de tête très douloureux sont apparus. J’ai pensé que ce serait terminé lundi.
- Lundi 23 mars
J’ai perdu le goût et l’odorat soudainement et des douleurs sont apparues dans ma cage thoracique (oppression). Mon souffle était court et une énorme fatigue m’a envahi. Une toux sèche et saccadée me secoué par intermittences.
- Mardi 24 mars
Consultation du médecin qui a donné son verdict : covid-19 sans test (car non disponible). Les journées qui ont suivi allaient être très éprouvantes, avec des difficultés respiratoires et des réveils la nuit pour chercher mon souffle.
- Mercredi 25 mars
J’ai appelé le 15 en pleine nuit. On m’a fait des tests a distance qui m’ont rassuré. Je tenais bon. J’ai rappelé mon médecin jeudi 26, lui évoquant mes problèmes de respiration. Il m’a donné de la ventoline mais celle-ci est restée sans effet. J’étais très mal. J’avais du mal à me déplacer et je respirais difficilement. Rien ne s’améliorait. Fatigue, tremblement souffle court et douleurs diffuses.
- Samedi 28 mars
J’avais encore plus de mal à respirer. J’ai appelé le 15. Cette fois-ci, une ambulance m’a récupéré et m’a emméné aux urgences du Kremlin-Bicêtre. Ils étaient débordés. On m’a enfilé un masque, une blouse puis on a pris ma température et mon taux d’oxygénation. J’étais épuisé. Le taux d’oxygénation était limite mais, après réflexion et par manque de place, on m’a renvoyé chez moi et on m’a indiqué que, s’il y avait aggravation, de rappeler le 15. Je suis rentré chez moi et ai été suivi à distance via une plate-forme : Covidom.
Des journées de fatigue ont suivi, passées à chercher mon souffle, sans goût, ni odorat, à vivre des hauts et des bas sans arrêt. Chaque effort était coûteux et sujet à vertiges, aller chercher un verre d’ eau était épuisant. Il fallait rester allongé en quasi permance.
- Aujourd’hui, mercredi 8 avril
Il n’y aura plus d’aggravation mais les symptômes persistent sournoisement. Dès que je me sens mieux, je suis repris par une fatigue extrême, l’oppression thoracique et la sensation d’un sac de billes dans les poumons sont encore présents. Ma toux n’a pas disparu. La convalescence va être longue ; il faut beaucoup de repos et de patience.
Je m’estime heureux : je suis chez moi et je n’ai pas connu le cauchemar des hôpitaux et de la réanimation. Cette maladie n’est pas une « simple gripette », même dans une forme modérée et, à ce jour, on n’en connaît pas les séquelles éventuelles.
Pour illustrer mon état actuel, l’écriture de cet article m’a demandé beaucoup d’efforts, tout en étant allongé.
Voilà pourquoi il est primordial que la direction de la Macif prenne toutes les mesures nécessaires à la protection des salariés, notamment lors du déconfinement. Il faudra être très prudent et associer les élus aux prises de décisions. Une seule priorité : la santé des salariés.